Kas Product - Von Magnet

Von Magnet

Étrange sensation que de revenir à la Loco (La Machine du Moulin Rouge aujourd'hui), salle où j'ai fait mes premières photos de concert au reflex numérique. La salle n'a pas tellement changé à vrai dire, et elle est agencée de manière à recevoir beaucoup de monde. En fait, ce concert m'a plongé dans une profonde nostalgie.

Mais ce n'est pas la seule raison. Ce soir j'ai rendez-vous avec Von Magnet qui ouvre la danse, littéralement, comme dans mon souvenir très lointain.

J'ai découvert ce groupe en 2003, lors du regretté Festival Artooz à Limoges. L'une des initiatives les plus prometteuses qu'il m'ait été donné de connaître. Le festival Artooz était un festival consacré aux nouvelles formes musicales électroniques contemporaines, mais aussi d'autres disciplines artistiques telles que le cinéma et la danse. Des grands noms tels que Coil, Troum, Ah-Cama-Sotz ont participé à ce festival.

À 25 ans on voit les choses d'une manière très légère. La prestation, à l'époque, de Von Magnet m'avait fortement décontenancé. Mais ma culture musicale et mon oreille étaient balbutiantes il faut dire. 9 ans ont passé, j'ai évolué. Ainsi que Von Magnet.

Le flamenco est toujours aussi mécaniquement endiablé, Phil Von et Flore Magnet toujours aussi charismatiques. Tout comme le reste du groupe évidemment, loin de moi l'idée d'outrager ce merveilleux travail d'équipe. Mais le spectacle a fortement gagné en intensité et en complexité comparé à celui de mes souvenirs. Le jeu de lumière et la fusion de la chorégraphie avec la musique et la vidéoprojection tiennent de la magie.

L'ambiance est hypnotique. Je suis moi-même subjugué par le spectacle, mais je ne peux m'empêcher d'observer la foule, comme à mon habitude. Elle est très réceptive, même si des beuglements et des rires stupides se font entendre lors de certaines danses de Phil Von. La crétinerie malheureusement ne laisse pas la place au respect dû à la performance d'un travail très largement maîtrisé. Mais cette crétinerie va très largement exploser lors de la prestation de Kas Product.

Kas Product est une figure emblématique de la coldwave française, avec Mona Soyoc et Spatsz. Le titre Never Come Back est un incontournable et éternel morceau qui a longtemps hanté les sombres pistes de danse, et continuera sans doute à les hanter.

Je suis sans doute né trop tard, et dans une ville qui n'a jamais abrité de scène underground et qui n'en abrite toujours pas. Je n'ai pas connu cette glorieuse époque du punk, de la coldwave et du gothrock. Je n'ai donc pas connu Kas Product pendant cette époque.

Cela étant, je ne suis pas sûr que la majorité des personnes présentes ce soir-là peuvent s'en vanter. Je n'avais jamais vu un tel rassemblement de bobos hipster depuis ce fameux concert de Civil Civic l'an passé où je me suis fait littéralement interpellé par l'un des sommités bobos hipster de Limoges, qui m'avait fait remarquer à juste titre que je n'avais rien à faire là, et encore moins à prendre des photos (Chami si tu me lis...).

Là encore le public adopte une attitude étrange. La réplique exacte d'Amy Winehouse en plus bourrée venue de l'arrière salle vient se placer à mes côtés quitte à me bousculer, réclame en hurlant le début du show et se trémousse frénétiquement, quitte à me marcher sur les pieds avec ses talons aiguille et m'engueuler après, faisant tout pour se faire remarquer par Mona. Les regards hautains et méprisants se font sentir de tout côté. Les petites postures sont là également.

La prestation de Kas Product me laisse perplexe. Le public aussi. D'ailleurs je tiens à m'excuser auprès des fans de Punish Yourself que j'ai pu offenser suite à mon billet précédent, voire même auprès de tous les fans de Metal. Je pense que ce soir-là un cap a été franchi en matière de groupisme. Il faut dire que Mona Soyoc donnait de sa personne pour enflammer la fosse, au point de s'asseoir sur scène poser ses jambes sur les épaules du premier venu en contrebas, dans un face à face des plus torrides. Je vous laisse imaginer la scène. J'ai eu droit à sa jambe gauche sur mon épaule gauche cela dit, une manière délicate de se faire porter par la foule.

Bizarrement, un flux de testostérones a vite jailli dans la fosse, portant Mona à bout de bras et la déposant délicatement sur la scène. Et c'était à qui se placera devant la scène pour profiter pleinement du spectacle. Et devinez qui était justement devant la scène pour prendre des photos ???

Face à tant d'hystérie, j'ai préféré battre en retraite et retourner à ma chambre d'hôtel. La leçon est rude mais sans appel : la nostalgie peut parfois s'avérer décevante.

http://www.ardonau.net/kasproduct/index.html

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