Les Deux Nuits du Sang

  "Aucune chasse ne vaut la chasse à l'homme, et ceux qui ont longtemps chassé des hommes armés, qui ont aimé ça... ne trouvent plus jamais saveur à autre chose." Ernest Hemingway

 Première nuit : Chasse urbaine



Les pas de l'homme résonnaient dans la nuit, sur les pavés d'une rue à peine éclairée. La lune ne brillait pas, et les étoiles étaient masquées par un fin manteau de nuages. Il n'entendait que ses pas, et ses tempes qui tambourinaient sous l'afflux sanguin.

Il n'y avait pas âme qui vive. Aucun bruit si ce n'est celui de ses propres pas. 

Et un léger bruissement.

Il se retourna brusquement, mais ne vit rien. Il ne fit aucun mouvement pendant quelques secondes, prêtant l'oreille. Mais rien.

Il continua son chemin. Cela faisait des heures qu'il marchait, conscient de la menace, conscient de la rumeur. La première nuit, c'était cette nuit.

En dépit de cela, il s'était résolu à sortir. Il voulait savoir.

À nouveau ce bruissement, plus proche de lui. tellement proche qu'il sentit quelque chose frôler son épaule. Mais il se retourna une fois encore, et rien.

Il commençait à suffoquer sous l'effet de la peur, en son for intérieur il savait qu'il était devenu la proie. Il marcha plus vite, mais il était trop tard.

Une ombre s'abattit sur lui, une main agrippa sa gorge et le plaqua au sol. Elle monta sur lui à califourchon et ses cuisses serrèrent sa taille. Elle semblait humaine, mais une lueur irréelle dans son regard et son sourire découvrant ses canines attestèrent du contraire.

Elle se précipita vers sa gorge. Puis la nuit l'enveloppa.

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Seconde nuit : Traque Sylvestre



Il trébucha sur une branche et s'écroula. Il se releva aussitôt et se remis à courir en haletant, les yeux emplis de terreur. Il était la seconde proie.

C'était la seconde nuit, et il avait été choisi. La forêt était le lieu de sa mort assurée, car elle l'avait pris en chasse. Cependant, dans un élan de générosité de sa part -Ou par jeu, c'est selon- Il lui avait été permis de s'armer d'une épée à la lame d'argent. Il avait donc une chance de survivre.

La pleine lune éclairait ses pas d'une lumière laiteuse. Chaque branche, chaque buisson ressemblait à des griffes acérées cherchant à le déchiqueter. Mais il courait toujours.

Il s'arrêta à la croisée de deux chemins, et reprit son souffle bruyamment. Il regarda tout autour de lui et essaya de discerner le moindre signe de vie.

Il n'y avait rien, et pas le moindre son si ce n'est celui des branches d'arbres qui craquaient sous l'effet du vent. La vie nocturne s'était tue.

Une légère brise caressa son visage ruisselant de sueur.

Puis il sentit un courant d'air glacé sur sa nuque, et les feuilles mortes sur le sol balayées par un mouvement rapide.

Il se retourna brusquement et serra la garde de l'épée de toutes ses forces. Il plaça la lame devant lui, puis se mis à battre l'air avec. Il gesticula, donna des coups tout autour de lui en hurlant. Puis l'ombre frappa.

L'épée vola dans les airs et se planta sur la terre humide. Il tint son poignet droit brisé en gémissant. Il voulut prendre l'épée de l'autre main, mais un coup violent sur sa poitrine le brisa net dans son élan, et il s'effondra.

L'ombre émergea, une silhouette féminine s'avança vers lui et pris l'épée en passant à sa hauteur. Les rayons de la lune luisaient sur ses cheveux blancs aussi froidement que sur la lame d'argent. Il voulut se relever, mais elle plaqua son pied sur sa poitrine endolorie et pointa la lame vers son visage.

Elle le toisa cruellement, et approcha la lame vers son cou. D'un mouvement sec, le sang gicla et il poussa un cri rauque. Elle regarda le sang couler, puis se précipita sur sa gorge tel un rapace fondant sur sa proie.

Dans la forêt, elle laissa libre cours à sa bestialité et réduisit sa proie en morceaux sanguinolents.

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