The Crow - Chapitre 2



Elle avait été enterrée loin, très loin du lieu de sa mort. Son bourreau s'en était personnellement assuré. Il connaissait les histoires des morts qui revenaient à la vie pour se venger, accompagnés d'un corbeau. Et il savait que ces morts ne renonçaient jamais, jusqu'à ce qu'ils obtiennent satisfaction.

La distance qui le séparait de sa sépulture l'empêcherait de revenir, pensait-il. Il ne savait pas à quel point il se trompait.

Elle, la guitariste qui ne vivait que pour la musique, et qui avait eu le malheur de l'éconduire. Sa guitare avait été enterrée avec elle, c'était là le seul égard auquel elle avait eu droit.

Un jour, un corbeau survola le cimetière, et son ombre glissa sur sa tombe. Peu après, la terre commença à se craqueler, et elle émergea de son cercueil en poussant une profonde inspiration. Elle se laissa rouler sur le côté, se leva péniblement et regarda autour d'elle. 

En voyant sa tombe, elle comprit. Et elle se rappela du moment de sa mort. Une image s'imprima dans son esprit, le visage de son assassin. La trahison d'un ami de confiance.

Elle regarda le trou béant de sa tombe, vit sa guitare et s'en empara. Elle savait ce qu'elle avait à faire, et elle savait où elle devait aller.

Le cimetière bordait une forêt. A mesure qu’elle la traversait, le souvenir de cette nuit fatale lui revint en détail, et elle ne put réprimer un hurlement de rage. Sa détermination n’en fut que plus forte. La route qui menait à la ville où il vivait était là, à la lisière de la forêt.

Il quittait son bureau à 21 h 30 précise. Garait sa voiture à l’emplacement qui lui était réservé dans un parking souterrain du centre ville. Sa vie était réglée comme une horloge, et tout lui réussissait. Il s’était forgé une réputation de courtier ambitieux et sans scrupules, ce qui lui avait permis de vite gravir les échelons. Il était prêt à tout pour obtenir ce qu’il voulait, et n’acceptait pas l’échec. Et son échec le plus cuisant était le refus qu’il avait essuyé en public, sa plus grande humiliation. Il repensa à sa vengeance et ne put réprimer un sourire.

Son sourire disparut et il se figea brutalement. Au moment où il allait vers l’entrée du parking, il entendit un bruit sourd derrière lui. Elle était là, le surplombant sur un muret. Elle le fixait d’un air hagard, puis elle fit un bond et s’avança vers lui. Il hurla et prit la fuite vers l’escalier qui menait au parking. Elle le suivit tranquillement.

Il rata une marche et dévala l’escalier pour tomber lourdement sur le sol en béton. Il s’était foulé la cheville, et la douleur était vive. Il rampa vers la porte, et entendit le bruit régulier de ses pas qui s’approchait de lui. Il leva les yeux, et contempla son visage livide marqué de stries noires. Elle s’arrêta à un pas de lui, et esquissa un sourire. Il devint blême, la peur l’empêchait de parler.

Elle tendit la main vers lui et souffla :

« Une petite danse ? »

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