Erinyes : Ἀληκτώ


Combien de temps s'était-il écoulé depuis le jugement du Premier Criminel ? Quelle importance, qui s'en souvient encore ? Après tout, des tragédies surviennent depuis toujours et il en surviendra beaucoup d'autres.

Le sang coule sur la terre, il n'a jamais cessé de couler. Le sang d'une mère, le sang d'un fils. Cette macabre semence alimentait et invoquait les Erinyes, déesses de la Vengeance et du Crime. Elles ne rendaient des comptes à aucun dieu, et ne suivaient que leurs règles. Une règle était plus importante que les autres : Le sang versé devait être vengé.

Le monde a changé. Les dieux anciens ne sont plus, ils ont disparu de la mémoire des hommes. Plus personne ne se rappelait de la malédiction des Atrides et de la punition d'Oreste. Et plus important, plus personne ne se rappelait du Premier Crime. Oubliées, les Erinyes ont choisi l'exil dans les tréfonds du Tartare, attendant leur heure.

Le monde a changé, mais pas le mal. Pas Lui.

Il s’était enfui, et de ce fait, les tyrans avaient proliféré, les meurtriers tuaient en masse avec des armes de plus en plus sophistiquées. Et le sang avait imbibé la terre, au point de couler jusqu'au Tartare. C’est ainsi que l'éveil des Erinyes commença.

Ἀληκτώ fut la première à émerger des profondeurs du Tartare. L'Implacable, la Colère Incessante qui châtie les auteurs de crimes moraux et les colériques. Celle qui est capable d'embraser le cœur des rois avec la flamme de la Guerre pour réduire des nations criminelles à néant, et de retourner la Colère contre celles et ceux qui y succombent.

Issue du sang d'Ouranos, elle fut également l'une des premières Déités à fouler le sol d'une terre primitive où l’homme n’existait pas encore, à l’aube du soulèvement des Titans. Le Chaos commençait à peine à laisser la place à l’harmonie de la création, et c’est une figure primitive, qui n’avait pas encore conscience de son rôle, qui errait avant que ses sœurs ne l’accompagnent.

Elle allumait la flamme de la Colère, mais sa flamme était aussi un phare qui guidait ses sœurs. Elle était celle qui lançait la chasse.

L'amoncellement de pierres au milieu de la forêt, vestige d'une bataille entre les Dieux et les Titans que les hommes avaient oublié, était le point de départ de la traque. L'instinct primal avait pris possession d' Ἀληκτώ sous l'effet de cette réminiscence, et c'est en chasseresse primitive qu'elle choisit donc d'apparaitre.

Elle sentit qu'Il était passé par ici. La nature s'était corrompue à son passage. La Colère laissa la place à Vengeance et à la Haine.

La torche s'embrasa. L'appel était lancé.

http://www.ardonau.net/erinyes1/index.html

Commentaires

  1. Magnifique, comme d'habitude ! Une grande force dans le regard de cette Erinye !

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    1. Merci beaucoup ! Désolé, je ne vois votre commentaire que maintenant...

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