Séraphin
Une intense lumière transperça le ciel et une boule
incandescente, aussi brillante que le soleil tomba sans un bruit dans la forêt.
Des flammes semblaient alors danser, mais les arbres ne se consumaient pas. Peu
à peu elles s’éteignirent, et la lumière s’atténua, révélant un être au corps
diaphane.
Une grâce divine semblait en émaner, un halo semblable à
l’aurore l’entourait. Ses traits se matérialisèrent soudain, tandis que le halo
mourait. Une jeune fille toute de noire vêtue se tenait là, agenouillée et en
prière. Des yeux recouvraient ses bras et la paume de ses mains, noirs et sans
paupières. Mais ceux de son visage étaient clos.
Elle se leva en titubant, tendant les mains pour s’orienter
comme quelqu’un marchant dans l’obscurité et ne se fiant qu’à son ouïe.
Elle les entendait encore. Par-delà les cieux d’où elle
était venue, les litanies telles le fracas des eaux résonnaient encore.
Bénie soit la gloire de Dieu du saint lieu où Il réside !
Saint, saint, saint est le Seigneur des armées ; toute la
terre est pleine de Sa gloire !
Les ténèbres qui enveloppaient son esprit se dissipèrent
enfin, et elle se souvint. Elle avait vu le Premier Déchu tomber depuis le
Trône où elle entonnait alors les litanies sans jamais s’arrêter. Et elle
s’arrêta de chanter.
Elle s’arrêta de tournoyer autour du Trône, et elle tomba.
Mais c’est sur Terre qu’elle termina sa chute. Elle était
seule, dans un monde encore vide.
Bénie soit la gloire de Dieu du saint lieu où Il réside !
Saint, saint, saint est le Seigneur des armées ; toute la
terre est pleine de Sa gloire !
Les chants s'atténuèrent peu à peu.
Elle errait, et ses yeux séraphins ne lui étaient d’aucun
secours. Elle cherchait désespérément le Trône, voulait entonner à nouveau les
litanies. Ses mains - ses yeux - se débattaient dans les airs. Elle devenait
aveugle, loin de la lumière divine.
C'est alors qu'elle L'aperçut.
Il était tombé, elle l'avait vu pourtant. Se tenant devant
elle, Il lui fit signe de Le rejoindre. Elle tendit ses mains vers Lui, ses
yeux luisaient comme la flamme naissante d'une bougie. Arrivée à Sa hauteur,
elle s'arrêta. Il prit ses mains, croisant Ses doigts avec les siens.
Doucement, ils s'enlacèrent.
Ses yeux séraphins se refermèrent. Puis disparurent dans sa
chair.
Elle leva son visage vers le ciel. Sourit. Puis ouvrit les
yeux.
Ils erreront ensemble désormais.
Magnifique texte ! Magnifique photo aussi !
RépondreSupprimerMerci Stef !
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