Banshee


Ne traversez jamais une forêt dans l'obscurité. En particulier, une forêt abritant un lac. 

Les esprits sévissent. Pas seulement les âmes errantes, mais aussi les esprits tutélaires, les hérauts de la Mort elle-même. 

Car la Banshee veille, accablée par un labeur éternel. Condamnée à laver les linceuls des futurs défunts, elle hante les rives du lac où, autrefois, elle mit fin à ses jours.

Bravant l'interdit, je m'aventurais une nuit en espérant la rencontrer. car il est dit que quiconque aurait le courage de l'aborder pourrait connaître le moindre détail de son destin, jusqu'au jour de sa propre mort. Les nuages recouvraient la lune et les étoiles cette nuit-là.

J'entendis un bruit en m'approchant du lac, des coups secs et réguliers, caractéristiques des lavandières qui œuvraient sur les berges, mais bien plus forts. Tout à coup les coups cessèrent. J’aperçus alors une fine silhouette agenouillée aux abords du lac. Recouverte d'un drap blanc, elle semblait immobile. Je la hélai, mais elle ne bougea pas.

Arrivé à sa hauteur, je m'adressais à elle en lui tapotant l'épaule. Soudain le drap s'affaissa sur le sol. Je reculai de surprise, puis regardai autour de moi. Personne.

Un clapotement attira mon attention, cela venait du lac. La lune transperça les nuages, éclairant le lac, comme si le ciel voulait que je vois ce qui m'attendait. C'est alors que je la vis.

Un visage livide m'observait, une femme aux yeux étincelants émergeait à peine du lac. Elle s'approcha de la rive, dans ma direction. À mesure qu'elle avançait et que son corps sortait de l'eau, la terreur qui commençait à s'emparer de moi grandissait. Elle était aussi blanche que le drap qui reposait à mes pieds. Elle arriva finalement à ma hauteur.

Doucement, elle se baissa pour prendre le drap et s'en vêtit comme on recouvre un défunt. Elle continuait de me fixer du regard, ses yeux reflétait la lueur blafarde de la lune. Je reculai, incapable de parler.

Elle hurla brusquement, et son cri sinistre eut raison du peu de courage qui me restait. Je pris mes jambes à mon cou et traversa la forêt sans demander mon reste.

La Banshee se retourna alors et disparut dans le lac.

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